Avery s'était levée avec non pas un mal de crâne, mais plutôt un gros coup de fatigue. Ce n'était pas étonnant, d'après sa soirée de la veille. Il était sept heures trente, ce qui signifie tard pour elle. Toute personne normalement constituée aurait oublié sa soirée entière mais Avery s'était endurcie avec le temps et ce n'était pas ce genre de chose qui pouvait lui faire perdre la mémoire. Pour tout vous dire, elle avait passé sa soirée à l'extérieur du camp, oh oui bien loin. Elle avait 21 ans, était donc tout eu droit de faire ce qu'elle voulait. 22h30, elle était installée dans un bar. Jusqu'à une heure du matin, elle s'était enfilé des verres de tequila accompagnée d'un ancien ami vivant en Californie et qu'elle n'avait plus revu depuis l'enfance. Une soirée banale en fait, comme toutes les autres. Une soirée avec alcool et clopes, comme toutes les autres. Puis elle avait quitté le bar pour prendre son Hummer et rejoindra l'autoroute. Là, elle s'était arrêtée à une aire d'autoroute où elle avait acheté une bouteille de Jack Daniel's, son whisky préféré par excellence. Installée sur la parking, les yeux vers le ciel, elle avait lentement vidé sa bouteille. Avery avait toujours bien tenu l'alcool et avec l'age, elle arrivait de plus en plus à garder la tête froide. C'est pour cela qu'elle pouvait boire beaucoup, elle continuerait à marcher droit et à garder sa lucidité. Elle vida la bouteille, adossée contre l'arrière de sa voiture noire, assise à même le sol. Puis elle passa la nuit dans l'habitacle. Vers 7h, elle fut réveillée par la lumière du jour et émergea plutôt rapidement, étant du genre lève-tôt. Elle se décida finalement à prendre un café et à envisager son retour au camp.

Huit heures et demi, Avery était encore sur ce fameux parking. Qu'est-ce qu'elle foutait ? Elle savourait son café avec un sourire, en tant que shootée à la caféine. C'est vers neuf heures qu'elle se décida finalement à remonter dans son hummer. Elle prit la route et roula jusqu'au camp, là où les cours avaient déjà commencé. Ath' s'installa alors dans le hall d'accueil. C'était désert mais pourtant, elle fut tirée de ses pensées par un grand bruit sourd. Elle baissa les yeux et vit une housse de guitare, et l'instrument supposé être à l'intérieur, étalée sur ses jambes. Elle leva un regard vers le jeune homme qui l'avait laissée tomber et qui semblait vraiment gêné. En temps normal, c'est exactement le genre de chose qui aurait énervé Avy au plus haut point, avec sa fâcheuse habitude de haïr tout le monde, mais elle était un peu trop fatiguée pour s'énerver. Même si extérieurement elle ne laissait pas paraître sa fatigue. Elle ne répondit rien au jeune homme qui était justement en train de s'excuser, mais celui-ci lui posa alors une question. Les cours ? Ave' n'en avait aucune idée. Comment pouvait-elle bien savoir quels cours avaient commencés ? Elle lui répondit alors de son ton froid et peu amical, et de sa voix grave habituelle :

- Euh... Nan...

Le jeune homme devrait se contenter de cette réponse. Puisqu'elle n'avait rien d'autre à faire et que ce mec là semblait jouer de la guitare, ce qui pouvait être un départ relativement bon avec Avery, la jeune blonde se risqua à une question.

- T'es ?

Elle attendait là un prénom, bien que ça ne soit pas forcément clair, mais le jeune brun n'avait qu'à comprendre. Et si c'était trop compliqué pour lui, et bien Avery aurait la confirmation que tout le monde est vraiment trop débile sur cette terre.

Alan, car c'est comme cela qu'il se présenta, eu une sorte de mouvement de recul qui attira l'attention d'Avery. Elle se demanda un instant sur quel genre de mec bizarre elle était tombée. Pour une fois qu'elle était gentille, elle avait le droit au mouvement de recul. Avery fronça les sourcils, fixant son regard dans celui du jeune brun, puis finit par laisser tomber. Dans ce début de relation il y avait déjà un point positif : pas de nom de famille, ce qui convenait vraiment à Avery. Elle se présentait toujours de son seul prénom, et Alan avait l'air de faire de même. Un silence s'installa. Il ne fallait quand même pas qu'Alan s'imagine que le jolie blonde allait lui faire la conversation. Elle avait peut-être décidé d'être gentille mais fallait pas abuser ! Il se décida finalement à poser une question à son tour. Avery ne lui répondit pas, pas immédiatement du moins, comme elle avait l'habitude de le faire, et lorsqu'elle s'était enfin décidée à ouvrir la bouche, c'est l'hôtesse d'accueil qui l'empêcha de parler. Avery laissa Alan régler ses problèmes avec la jeune femme, se disant alors que répondre à cette question n'était peut-être pas nécessaire. Elle regarda autour d'elle, pensant en avoir fini avec le beau, car oui il fallait avouer qu'il n'était pas si horrible, brun qui l'avait abordée. Mais quelques instants plus tard il revint à la charge en l'invitant cette fois à prendre un café. Avery posa son regard sur lui, un regard neutre qui pouvait mettre dans l'embarras certaines personnes trop timides. Après un silence qui aurait pu paraître une éternité à toute personne n'ayant jamais discuté avec elle, Avery finit par répondre.

- Euh... S'tu veux.

Son ton n'était peut-être pas plein d'entrain mais il fallait la comprendre, elle n'avait pas l'habitude. En temps normal, elle n'aurait pas tenu une conversation de cette sorte plus d'une trentaine de secondes, la plupart des gens laisse tomber en règle générale. Elle venait de déjeuner il y a peu, mais en tant que droguée à la caféine, Avy pouvait enfiler des dizaines de tasses à la suite. Et à n'importe quelle heure, elle était partante pour boire un café, seule la plupart du temps, mais un peu de compagnie, pourquoi pas, tant que cette nouvelle connaissance ne se mettait pas à lui taper sur le système. S'appliquant bien pour prendre son temps, car c'était ce qu'elle aimait faire, Avery commença doucement à se lever. Prendre son temps, marquer une longue pause avant de répondre à une question, pour elle c'était comme montrer à l'autre que quoi qu'il fasse elle avait l'avantage, elle contrôlait tout, elle donnait le rythme et les autres devaient suivre ou s'écarter. Alors qu'elle quittait lentement la chaise, elle vit Alan sursauter. Décidément elle était vraiment tombée sur un frustré fini. Une petite nature peut-être, pas le genre de personne qu'elle fréquentait. Mais peu importait, au pire, elle p^rendrait ça pour une expédition visant à comprendre comment les autres vivent, ça pourrait peut-être lui servir un jour ou l'autre. Elle fit comme si de rien n'était, ne manquant pourtant pas de lever les yeux, se fichant un peu du fait qu'Alan le remarque ou pas. Puis il lui reposa la même question que précédemment. Elle s'apprêta une nouvelle fois à lui répondre, mais une sonnerie retentit. Pour Avery, cela donnait le signal d'alerte, signal qui prévenait l'arrivée de monde. C'était un peu comme une alarme. Arrivèrent alors les premiers élèves. Avery accéléra le mouvement, comme pour fuir. Elle attrapa ses clés, posées à coté d'elle, et avec empressement, elle se dirigea vers la porte et tourna rapidement la tête en faisant signe à Alan de la suivre. Elle fuyait le monde comme la peste, n'ayant rien à faire avec les autres. Dégoûtée en quelque sorte par la nature humaine, ce dont elle est capable, se disant qu'une relation n'était qu'une perte de temps. Une fois dehors, elle se sentit légèrement mieux. Elle continua alors sa marche vers son Hummer et sans lui lancer le moindre regard, elle répondit à Alan.

- Avery.

Après qu'Avery ai répondu à la question d'Alan, celui-ci se retrouva à son niveau, marchant à la même allure qu'Ave. Elle lui lança un regard rapide, puis Alan lança quelques nouveaux mots. Enchanté, il était enchanté. Elle aussi, ou pas, tout dépendrait de la suite. C'est là qu'elle déciderait si Alan en vaut la peine ou si c'est vraiment le genre de personne ennuyeuse et sans intérêt. Pour l'instant il fallait dire qu'elle ne le trouvait pas vraiment exceptionnel, mais laisser une chance à un petit nouveau, pourquoi pas. Ca ne lui coûterait rien au final. Elle hocha légèrement la tête comme pour acquiescer, en ajoutant un léger "hein hein" à son geste, ne répondant ainsi pas directement au jeune homme.
Puis en un instant, Avery vit, du coin de l'oeil, Alan lui couper la route. Elle se força donc à s'arrêter, ne voulant pas le pousser au passage comme elle l'aurait fait en temps normal. Elle stoppa donc sa marche, prête à lui dire quelque chose du genre "t'es sur mon chemin là". Mais alors qu'elle ouvrait la bouche pour parler, elle sentit une main plus chaude que la sienne, car ses mains étaient toujours glaciales, saisir sa main droite. Puis elle vit sa main se retrouver sous les lèvres d'Alan, pour qu'il finisse par y déposer un baiser. Avy se demanda pendant un court instant ce qui se passait puis son regard se fixa sur sa main, les lèvres du jeune brun. A cet instant un tas de choses traversa l'esprit d'Avery. Ce geste réveilla des souvenirs enfuis depuis des mois au fond d'elle. Un geste qui lui rappelait un sentiment, bien que ce n'était sûrement pas ce qu'Alan avait en tête, un sentiment qui lui rappelait une personne. Un sentiment qu'elle avait décidé de balayer de sa vie à jamais. Et voilà qu'un simple geste ramenait tout à la surface. Elle fixa Alan, le regard vide. Il riait légèrement, sûrement pour se moquer de lui-même. Avy ne savait pas qu'est-ce qui lui avait pris, elle ne savait pas pourquoi il avait fait ça. C'était ce qu'on faisait dans les films, ces films romantiques qu'Ave' haïssait. Après un instant qui aurait pu paraître une éternité à Alan, elle détacha lentement son regard de lui, essayant de masquer tous ces sentiments en lui adressant un sourire en coin. Ce geste était peut-être à prendre au second degrés, car elle avait bien remarqué qu'Alan était un mec étrange, mais au point de se croire dans un film, ça serait plutôt grave. Elle sourit donc, brièvement, et dit :

- T'as trop regardé Titanic toi...

Son ton était peut-être aussi sec que précédemment, mais Avery ne me voyait pas comme ça. Alan le prendrait comme il le voudrait. Puis il posa une autre question, encore une, décidément. Question dont la réponse était plus qu'évidente pour Ave. Oui vraiment évidente. Et lorsque c'était évident pour elle, ça devait forcément l'être pour les autres. C'est ce qu'elle qualifiait de question débile. Elle répondit finalement après un moment, sur un ton qui laissait entendre que l'évidence était là :

- Bah à l'extérieur.

Elle mourrait d'envie d'ajouter quelque chose du genre "à 21 balais tu crois franchement qu'on a envie de s'éclater dans une cantine pour ados ?", mais elle se tut. Avery continua sa marche, ne regardant pas vraiment si Alan la suivait ou non, mais elle sentait qu'il n'était pas loin derrière.
Alors qu'elle arrivait vers le fond du parking, elle pu enfin distinguer son Hummer H3 noir garé à l'écart. S'en approchant, elle désigna l'imposant véhicule de la tête pour montrer la direction à Alan. Puis elle fouilla dans les poches de son mini short en jean qui laissait ses jambes à découvert pour en sortir ses clés. Elle appuya sur le bouton pour déverrouiller les portes de la voiture puis ouvrit la portière coté conducteur, s'assit et attendit qu'Alan s'installe à son tour dans le Hummer.

La réponse à son anecdote sur Titanic fit sourire intérieurement Avery. Elle-même non plus n'était pas vraiment fan de ce film. Avant, elle aimait, mais depuis que Nate n'était plus là, elle tenait en horreur ce genre-là, de plus que la fin lui rappelait si vite la réalité. Après qu'elle soit montée en voiture, elle attendit qu'Alan se décide à y monter lui aussi. C'est alors que la portière s'ouvrit. Ave lança un regard vers sa droite. Elle mourrait d'envie de klaxonner pour presser Alan, mais ça aurait vraiment été de mauvais goût. Il faut dire que le voir sursauter la faisait rire intérieurement. Elle n'appuya finalement pas sur le klaxon. Avery vit alors une guitare passer et aller se déposer à l'arrière. Etant incapable de faire confiance à quelqu'un, elle ne pu s'empêcher de jeter un oeil à l'arrière pour vérifier qu'Alan ne détruise rien au passage. Heureusement pour lui, tout était entier. Avery lança un regard vers son passager, il paraissait, comment dire... ne pas avoir l'habitude. Oui c'était ça. Puis Avy tourna la clé, faisant ainsi démarrer la voiture noire dans laquelle elle était installée, avec Alan à ses cotés. Qu'est-ce qu'elle se sentait bien au volant de cette bagnole ! Son Hummer et elle, c'était une longue histoire. 17 ans qu'elle avait, lorsqu'elle avait flashé sur le modèle. Depuis toujours, elle avait voulu en avoir un, et ça avait été le coup de grâce. Impossible de résister. Cette carrosserie, cet intérieur, ces pneus... Tout. Elle pourrait vivre dans cette voiture. Elle démarra en trombe, comme toujours, puis s'engagea sur la route. Le silence s'installa, ce qui fit un grand bien à Avery. Elle roulait, plutôt vite il faut le dire, comme à son habitude, ignorant certains panneaux. Mais d'une façon fluide et calme, montrant que même si elle roulait vite, elle gardait le contrôle, elle gérait. Ce silence apaisant, comme elle les aimait. Puis la voix d'Alan vint le troubler, ce silence parfait. Avery pria intérieurement pour que sa question cette fois soit intelligente, pas comme la précédente. Et elle eu droit à un commentaire automobile, et à une question, comme elle s'y attendait, encore une question... Son Hummer n'était pas sympa, il était parfait. C'était comme une partie d'elle. Il préférait les citadines, tant mieux pour lui, ce n'était pas le cas d'Ave. Dans le Tennessee, un Hummer était bien plus utile qu'une citadine. Comme seule réplique, elle lui donna :

- J'vis à la campagne.

Même en Californie, il y avait des endroits plus... ruraux, si on s'éloignait de la côte. C'est exactement ce qu'ils faisaient. Plus ils roulaient, et plus la civilisation se faisait rare. Le camp était un endroit retiré, mais quelques maisons et petites villes peuplaient les alentours. Alors que là, ils pénétraient lentement vers l'intérieur des terres. Plus de maisons, juste une route peu fréquentée bordée de grands espaces vides tels des déserts. C'était le sud-ouest des US. Nevada, Arizona, la Californie portait aussi ces traces désertiques que l'on apparentait plutôt à ces deux états là.
Après une longue minute, Avery daigna finalement répondre à Alan, quant à sa question sur leur destination.

- Un bar, qui fait aussi café. Le long de l'autoroute, dans un coin plutôt retiré.

Retiré était un mot faible puisque c'était une zone inhabitée et presque désertique. Ce bar, c'était l'un de ceux qu'elle fréquentait en soirée. Ca lui rappelait son chez elle, la déco étant assez cow-boys et mexicain. Ils arrivèrent finalement près de ce fameux bar. Avery entra dans le parking et après un virage sec, elle alla se garer en faisant déraper les roues de son véhicule sur le sable et s'arrêta net, ce qui faisait sûrement sursauter une personne non habituée. Tout en éteignant le moteur, elle lança à Alan :

- Et elle le fait ça, ta citadine ?

Ce n'était pas vraiment une question car eux deux connaissaient la réponse. Avery suivit donc Alan vers l'entrée du bar. Puis hésitant un instant alors qu'il lui tenait la porte elle pénétra à l'intérieur et se dirigea vers une table au fond, éloignée des autres. Table qu'elle avait l'habitude de squatter.

Il n'avait pas répondu, à quoi cela aurait servi de toute manière?... A la campagne? C'était un peu vaste comme terme. Mais Alan ne chercha pas à approfondir sur le sujet, il en aurait surement le temps à l'intérieur. Quant à son commentaire à propos de sa voiture, la répartie d'Avery au sujet du dérapage de son hummer le fit longuement sourire. Un coin plutôt retiré? C'était un doux euphémisme. Le parking n'était pas bien rempli, principalement par des motos ou des 4x4 semblables à celui de la blonde.
Les deux jeunes gens pénètrent dans le bar et Avery se dirigea vers une table un peu écartée, comme un automatisme. Le Gallois en déduit qu'elle était une habituée. Plutôt étrange. Une jeune femme cotoyant un bar, ce pouvait être mal vu. Alan ne s'en souciait guère, il avait perdu le fil du compte des ses caractères surprenant. Et il aimait ça. Les gens qui se démarquaient des autres, qui assumaient, ça lui plaisait. Il doutait que lui même puisse un jour en faire partie, car trop formaté par la société et l'éducation de ses parents. C'était une sorte de bouclier, ces niaiseries de politesse. Il n'avait pas une grande estime de lui, Alan. Les autres ne le considéraient plus depuis bien longtemps, une étiquette accrochée à son dos. Dos qu'il était sensé tourner à des gens comme Avery, si il écoutait son pére. Mais il n'était pas là, ils n'étaient plus là. Autant les effacer pour de bon le temps d'un été. Un homme d'une trentaine d'année s'approcha de leur table, certainement désireux de prendre commande. Il salua Avery et cette dernière demanda. Il fit de même


« Un café, bien noir s'il vous plait.»

Leur commande ne tarda pas à arriver, au plus grand plaisir d'Alan qui n'avait rien avaler depuis hier soir. La brûlure du café sur sa langue, la saveur amére. Bien qu'il ne puisse en profiter souvent, car sa vie rythmée tambour battant avec ses études, il appréciait lorsqu'il le pouvait, savourer un café brûlant. La caféine était un petit plaisir rare, sa famille prisant le thé lors des déjeuners. Il détailla un instant la jeune femme en train de boire avant de détourner le regard et de tenter un nouveau début de discussion.


« A la campagne?»

Son ton suggérait approfondissement de la part de l'intéressée.


« Je suis ... gallois. Tu as surement dû le remarquer. Tout près de Cardiff, là où...»

La fin de sa phrase mourut dans sa tasse déjà vidée à moitié. Il doutait que la jeune femme ne se soucit de là où il puisse habiter et laissa ses pensées divaguer sur le fait qu'il n'était pas bien intéressant. Il s'étonna et se mit à miser sur le temps que mettrait Avery à se laisser des ses propos stupides et dénués d'utilités. Puis un éclair de lucidité le frappa. Elle était à Camp Rock elle aussi, un point commun leur était déjà attribué : la musique.


« Hum, okay. Et sinon, tu chantes, tu joues ou ... ?»

Alors qu'ils venaient de s'installer, le serveur arriva pour prendre leur commande. Avery lui adressa un signe de tête pour le saluer, c'est qu'elle le connaissait, étant bien habituée à venir ici. Il avait la trentaine, pas plus. Ave venait ici seule, généralement, en fait elle n'était jamais venue accompagnée. C'était la première fois qu'elle venait boire un café avec quelqu'un et le serveur l'avait d'ailleurs remarqué, étant habitué à la voir seule. Il savait sûrement aussi que lorsqu'elle venait, elle prenait soir un expresso, soit un whisky. Avery lui dit alors :

- Comme d'hab, s'il te plait.

Oui elle le connaissait bien, au point de le tutoyer. C'est lorsqu'Alan commanda que le serveur fut certain que ce qu'Ave voulait était un café et non un whisky. Avy regarda alors le serveur s'éloigner, puis elle laissa son esprit divaguer un moment, jusqu'à ce que leurs tasses soient amenées. Elle avala une gorgée de son expresso. Qu'est ce qu'elle pouvait adorer le café. Et plus c'était fort, meilleur c'était. Se passer de caféine était tout simplement impossible pour elle. Elle bu une seconde fois, puis entendit la voix d'Alan. Il semblait vouloir en savoir plus sur ses origines. Qu'est-ce que ça pouvait bien lui faire. Avery ne le regarda pas dans les yeux, peu habituée à le faire avec qui que ce soit. Comme toujours, elle laissa le silence s'installer avant d'envisager une réponse. Puis Alan parla alors pour combler le vide sûrement. A ce qu'Ave constatait, il n'aimait pas le silence. Gallois ? Il faut dire qu'elle n'avait jamais été douée pour les accents. C'est vrai qu'il avait ce petit quelque chose de non américain dans la voix, mais jamais elle n'aurait été capable de mettre une nationalité sur cet accent qui donnait une classe particulière. C'est qu'il venait de loin le jeune homme ! Elle, c'était plutôt un accent américain très prononcé, comme ceux du sud des Etats-Unis. Façon de parler qui donnait l'impression qu'elle mastiquait un chewing-gum, en avalant la moitié des mots et confondant les sons. Pour un étranger, son charabia pouvait même être dur à comprendre. Puis Alan, se stoppa dans sa phrase. Il s'était sûrement rendu compte que sa vie ne passionnait pas vraiment Avery, car c'était le cas, elle n'était pas vraiment intéressée par lui et sa vie. Elle ne comprenait pas non plus ce qu'il pouvait trouver d'intéressant à la sienne. Puis elle se décida à lui répondre.

- Lynchburg, Tennessee.

Puis elle précisa un détail qui lui semblait vraiment important.

- La ville de Jack Daniel's, n'étant pas sure qu'Alan ai suivit, et surtout n'ayant pas l'impression que l'alcool lui soit familier, elle termina. Le whisky.

Sa passion lui venait-elle de là ? Non pas vraiment. Ou peut-être, aucune idée. Le fait est qu'elle a toujours adoré l'alcool et que le premier qu'elle ai vraiment apprécié fut le Jack Daniel's. Puis Alan commença à parler de leur passion commune. Qu'est-ce qu'elle faisait à Camp Rock ? Elle-même ne le savait pas vraiment. Elle était là parce qu'elle aimait chanter et jouer de la guitare, du piano et de la batterie, mais pas vraiment pour réaliser son rêve, contrairement à la plupart des jeunes y passant leurs vacances. Non, si elle était là, c'était plutôt pour faire une croix sur son passé, se plonger dans quelque chose de différent. Se concentrer sur la musique, c'était un moyen d'oublier tout ce qui s'était passé, d'oublier cette nuit là, où tout a basculé.
Elle répondit alors à Alan de sa voix grave, en prenant son temps comme toujours.

- Les deux. Mais j'compte pas passer ma vie dans ce camp, ça c'est clair.

Son ton montrait là tout "l'amour" qu'elle portait au camp...

Le Tennessee. Il y était allé il y a de cela 4 ans maintenant. A NashVille par contre. Un voyage touristique? Non, jamais la famille Watkins ne s'abbaisserait à partir visiter de piètres contrées, n'est-ce pas? Le dècès d'un oncle proche à son paternel. Si l'endroit n'avait pas déplu à Alan, car très différent de ses contrées galloises, l'ennui y avait été quasi-mortel. Il gardait donc un souvenir partagé du Tennessee. Si sa mémoire ne lui jouait des tours, Lynchburg se situait plus au sud. L'anecdote qui avait surement donné à ce qu'il retienne était que


« La ville de Jack Daniel's, le whisky.»

Exactement. Alan n'était aprés tout qu'un homme, et les rares leçons qu'il pouvait partager avec son pére, et qu'il appréciait plus qu'il ne subissait, étaient celles à propos de l'alcool. Son géniteur pouvait s'étendre des heures sur les différentes origines des breuvages alcoolisés, et aussi loin qu'il s'en souvienne, le jeune homme ne s'en était lassé.


« Ouai, je sais.»

Personne ne pouvait le nier : lorsqu'un passioné parle, on ne peut qu'être charmer par l'entrain que dégage l'interlocuteur. Cet enthousiasme qu'on croit sans faille, les airs différents qu'aborde le conteur. C'était de même avec le guitariste lorsqu'il se lançait sur la pente de la musique. Hélas, ces leçons là n'avaient pas de valeurs aux yeux de William Watkins. En parlant de musique, Avery répondit à sa précèdente question :


« Les deux. Mais j'compte pas passer ma vie dans ce camp, ça c'est clair.»

On aurait pu croire qu'on l'avait forcer à venir y passer l'été. Du point de vue d'Alan, le camp était une sorte de délivrance, à petite échelle bien sur. Il pourrait parler de sa passion sans se faire rabrouer mais aussi progresser. Car oui, il aimait apprendre, il était insatiable de nouvelles techniques, de nouveaux défis à relever. Il avait tant insisté pour venir à Camp Rock, qu'il s'en était créé un rêve. Mais Avery elle...

Vous savez comme il est utile de savoir détailler les gens? Non pas de les scruter d'un regard vide sans aucun sens. Non, les détailler, pour de vrai, s'apercevoir du moindre changement d'attitude, de cette ride au coin de l'oeil, plissée lors d'un sourire. De cette lévre qui frémit alors qu'on évite un sujet épineux. Ces doigts qui s'agitent sur le menton ou remettent une méche invisible à l'arrière de l'oreille. Certains gestes pouvaient être flagrants, mais n'avaient jamais la même signification suivant les personnes. Car oui, quand notre vie n'est pas passionante, que le silence semble être le meilleur des mots, il ne nous reste que ça : le regard. Qu'il soit échangé, ou comme expliqué, dévisageant, c'est un atout indéniable. Avoir un beau regard, pour charmer, avoir un bon regard, pour mieux comprendre. Dans ce cas présent, Alan en avait peut-être plus appris en regardant la blonde qu'en lui adressant la parole. Ce n'était encore que supposition et il ne pouvait s'avancer à quémander confirmation. Il espérait juste qu'elle s'ouvre un peu plus à lui. Pouvait-il se permettre de croire que derrière ce bouclier parfois trop froid, elle avait besoin de quelqu'un? Alan se mettait peut-être à rêver d'amitié, mais il en fallait, du rêve. Sinon à quoi bon?

« Et qu'est-ce que tu es venue chercher dans ce camp? »

Une nouvelle question, c'était devenue courant. Il posait, elle attendait, répondait enfin et le silence rappliquait, bien qu'elle est surement prononcé la plus longue de ses phrases en sa présence il y a quelques secondes.Tout le monde a un but à Camp Rock. Et selon Alan, celui d'Avery avait l'air bien plus complexe. Ou alors se trompait-il totalement de route, et cherchait certitudes là où il n'y avait rien.

Après qu’Ave ai fait son petit exposé sur la ville de Lynchburg, sa ville, Alan affirma savoir. Elle s’était peut-être trompée sur lui finalement. Habituellement, son instinct était redoutable. Elle pouvait dresser le portrait d’une personne rien qu’en la voyant, mais il fallait dire que ce qu’elle avait vu d’Alan était un garçon peut-être trop… différent d’elle. Peut-être connaissait-il la région après tout, peut-être était-il déjà allé dans le Tennessee. Elle en doutait, ce n’était pas le coin le plus touristique des US. Quoi que Nashville attire les amateurs de musiques, puisque c’est la capitale de la musique… Mais elle préféra ne rien dire, n’estimant pas ça nécessaire… et elle n’avait jamais été du genre à parler, elle se contentait de dire le minimum.

Avery se redressa à la question d'Alan. Si elle lui donnait ses raisons, il poserait encore et encore des questions, et au final ça reviendrait à lui dévoiler tout ce qu'elle essayait désespérément de cacher et d'oublier. Rien ne pouvait effacer ce qui était arrivé, mais ce n'était pas une raison pour se rappeler chaque seconde de cette horrible soirée, pas une raison pour étaler sa vie aux yeux d'un homme qu'elle connaissait à peine. Après un nouveau silence, elle répondit à Alan, le regard dans le vide, jouant avec sa cuillère, et avec un ton à nouveau glacial :

- Ca t'regarde pas.

Un nouveau silence. Aucun d'eux apparemment n'osait parler. Ave n'en avait pas envie, et Alan... Seul le cliquetis de la cuillère résonnait maintenant. Avery ne voulait pas penser à Nate, c'était trop dur et pourtant tout ça revenait toujours. Son image la hantait. On dit que le temps efface tout, mais c'est tout à fait faux. Ca ne fait que masquer et empirer les choses. Avery avait la désagréable impression qu'Alan commençait à en savoir plus sur elle que ce qu'il laissait paraître. Ce n'était peut-être qu'une impression... mais elle devrait peut-être rester sur ses gardes. En fait elle n'en savait rien. Elle leva rapidement les yeux vers Alan. Avery se demandait si répondre vaguement à la question du jeune homme serait vraiment une erreur. Elle avait appris à prendre des risques, elle aimait prendre des risques, alors pourquoi pas... Elle leva à nouveau les yeux, et cette fois son regard croisa celui d'Alan. Elle le fixa longuement dans les yeux. Un regard de tueur qui, bien que ça ne soit pas son intention, pouvait vraiment faire peur. Puis après un long moment, elle baissa à nouveau les yeux, pour se résigner à parler, non pas sans un soupçon d'agressivité.

- La tranquillité, ...l'oubli.

Avery espérait sincèrement que cette piètre réponse suffirait à Alan, car elle n'avait pas envie d'aller plus loin. Il y avait sur Terre des personne qu'elle connaissait bien mieux que lui et qui n'était pas au courant de ce qui s'était passé cette nuit là. Elle espérait juste que la curiosité d'Alan ai des limites...

Avery fixa Alan pendant un instant, après qu'il lui ai répondu. Il n'avait pas vraiment l'air convaincu mais qu'importe, Avy s'en fichait totalement. L'opinion des autres n'avait jamais compté pour elle et ce n'était pas aujourd'hui que ça allait changer. Il pensait ce qu'il voulait, et si ça l'amusait de ne pas la croire, qu'il aille chercher une autre réponse. Il n'y en a pas, ça pourrait être marrant. Elle continua à le regarder d'un air neutre, peut-être même gênant car contrairement à ce que certains faisaient, elle ne lançait pas quelques regards en essayant de passer inaperçue, non, elle le fixait, sans détourner le regard. Puis la main du jeune homme se leva. Avery l'aurait prédit, et en effet, une nouvelle gaffe. Cette fois la main du jeune homme tapa dans sa tasse, puis la tasse renversa le sucrier, qui fit tomber le menu, qui lui-même entraîna le porte serviette. SOS, c'est ce qu'Avery pensait à ce moment là. Alors que les différents objets tombaient à la suite les uns des autres, Avery porta, qui avait le coude posé sur la table, baissa la tête et porta sa main à son front, signe d'exaspération. Décidément, elle était tombée sur un mec exceptionnel. Doué comme il l'était... Puis chacun de ces objet alla cogner le sol, tandis qu'Ave fermait les yeux pour se concentrer un instant et s'empêcher elle-même de se lever et de partir, tant elle trouvait son nouvel ami, si l'on peut dire, ridicule. Heureusement que le jeune homme réussit à sauver cette pauvre tasse. La situation frôla encore plus le ridicule lorsqu'il se mit à rire, essayant de ne pas paraître bête en se moquant de lui-même. Et lorsqu'il affirma que tout était calculé, ce fut la cerise sur le gâteau. Calculé, mais bien sur. Et même si ça l'était, ce n'était sûrement pas comme ça qu'il arriverait à intéresser Avery, si c'est ce qu'il voulait faire. Elle avait juste envie de lui dire "Après la musique, ta seconde passion c'est le cirque ?" mais elle se ravisa. Alors que le jeune brun riait de lui, Avery resta là, sans rien dire, la tête posée dans sa main. Puis le rire s'arrêta. Enfin. D'un coin de l'oeil, elle vit Alan ramasser les pauvres objets gisant au sol. Puis elle releva la tête. Alan était maintenant assis au fond de sa chaise. Elle répondit alors à sa question, bien qu'elle se doute qu'il en connaisse déjà la réponse.

- Hum... Non, ça ira, j'crois.

Elle aussi se redressa, attendant la suite. Avery n'avait jamais été du genre à poser des questions car la vie des autres ne l'intéressait tout simplement pas. Mais Alan avait l'air d'être du genre à aimer poser des questions, et même si cela n'amusait pas vraiment Ave, elle savait qu'il n'allait pas tarder à lui demander quelque chose et elle devrait à nouveau lui répondre...

[Tu es tout à fait excusé (: ]


Avery croisa à son tour les bras sur sa poitrine, suivant des yeux chacun des gestes d'Alan avec un drôle de regard à la fois observateur et calculateur, mais aussi avec une noirceur plutôt visible, qui n'était pas là vraiment intentionnellement. Elle continua de le fixer de cette manière, avec un silence religieux. Elle essayait en fait de voir ce qu'il pensait vraiment de cette rencontre. Il n'avait pas vraiment l'air de la trouver cool, comme beaucoup de gens d'ailleurs, il fallait dire que son comportement n'aidait pas. Mais elle était ce qu'elle était et un point c'est tout. Les gens trop bizarres, ennuyeux, sans caractère, la gavaient tout simplement. Le genre de personnes trop calmes pour se lâcher un peu, ceux qui avaient des limites, elle ne les supportait plus. Elle en avait vraiment marre des gens qui ne prenaient pas de risques, qui restaient tranquillement assis là à attendre que la vie passe. Ils attendaient quoi au juste ? Il n'y avait absolument rien à attendre, Avery le savait. Revenons-en à Alan. En apparence, il avait absolument tout pour énerver Avery. Il était l'une de ces personnes ayant le don de l'exaspérer. Il n'était pas comme ceux qu'elle aimait fréquenter. Mais après tout, s'ils se fréquentaient plus à l'avenir, peut-être qu'elle arriverait à lui montrer ce qui vaut la peine et ce qui n'est pas important. Non, elle n'avait sûrement pas l'intention de le fréquenter d'avantage. Il y avait pourtant quelque chose qui lui semblait bizarre. Alan était peut-être trop parfait pour elle, mais il avait l'air de chercher. Chercher à découvrir son secret. Il pouvait chercher comme il le voulait... Ca ne le mènerait nulle part. Ave' le fixa, alors qu'il reprenait encore la parole. Pas très bavarde... C'est vrai que contrairement à lui elle ne parlait pas pour dire des choses inutiles, poser des questions débiles... Sa seconde phrase ne provoqua absolument rien chez Avy. Elle se contenta d'afficha une expression haineuse, plissant légèrement les yeux. Il se croyait plus fort qu'elle, ah oui bien sur. Ave sourit intérieurement en pensant à la réaction qu'il pourrait avoir s'il apprenait ce qui lui était arrivé. Il partirait peut-être en courrant ? Non, trop gros. Deviendrait muet ? Le rêve... Oui, sûrement n'oserait-il plus dire un mot. Finalement peut-être qu'elle devrait lui dire. Avery chassa cette idée de ses pensées, consciente du risque, pour une fois dans sa vie. Il commanda deux autres cafés, alors qu'elle continuait de le fixer avec ce même air presque effrayant, qui ne présageait rien de bon. Puis les petites tasses arrivèrent. Elle ne jeta pas un oeil à son expresso, continuant son observation. Puis elle lui répondit finalement, sur un ton menaçant :

- Tu veux quoi au juste ?

Curieuse de sa réponse, Ave s'était avancée vers lui d'une façon menaçante lorsqu'elle lui avait posé sa question.

Des frissons lui électrisèrent l'échine alors qu'il prenait à son tour appui sur ses coudes et s'avançait sur les quelques centimétres qui le séparait du visage de la blonde. Son ton était lourd en menace, mais le garçon n'en avait que cure. Que pourrait-elle bien lui faire de toute manière? Il souffla doucement sur les lévres d'Avery, jouant la carte de l'agaçant qui n'était pas prés d'être agacé. Un léger rire secoua son corps devant la seconde de déstabilisation que son geste avait engendré chez la jeune femme. Il se recula doucement, sans pour autant se rasseoir correctement sur sa chaîne. Il mâchait sa réponse, encore et encore, à croire qu'elle allait être décisive. Que voulait-il vraiment? Ca méritait réflexion. Il voulait faire connaissance, et elle semblait presque le faire exprés, mais à trop vouloir en cacher, elle ne faisait que semer des indices sur ses mystéres. Mystéres au passé, et ce dernier, aussi lointain soit-il, avait éveillé la curiosité du garçon. En partant du principe que tout être était bon, théorie certes un peu idéaliste, Avery devait l'avoir été. Bien sur qu'elle l'était encore, mais derrière ce nombre incalculable de masque de froideur, de menace et de silence. Il était déjà loin Alan, sur les chemins de la supposition. Son regard perdu à l'arrière de la jeune femme, il détaillait l'extérieur sans vraiment le voir.


Qu'est-ce que tu me donnerais?

La question de la blonde ramenait à sa volonté. Sa réplique n'était que perche tendue. Aussi tendue que le Gallois qui avait mis un pied dans le vide. Il en avait l'intention depuis le début de la conversation, certes. Le temps avait filé, si l'on comptait le trajet, le garçon devrait bientôt reprendre le chemin du camp pour ses cours. Il fit cette observation en lorgnant l'horloge énorme accrochée au mur du bar. Il s'en souciait peu à vrai dire des cours, à cet instant même. Mais l'attente prolongée de la réponse d'Avery lui laissa le temps de divaguer. Sans vraiment en avoir saisi le pourquoi, il était nerveux. Cet échange pouvait mal tourner selon la répartie de la demoiselle, et quitte à avoir des ennemis, il aurait préféré ne pas avoir affaire à Avery sur ce terrain là.

Alors que la conversation commençait à devenir électrique, Avery ne remarqua même pas les regards qui s'étaient tournés vers eux. Elle regarda Alan s'approcher d'elle, sans même faire un seul mouvement. Lorsqu'il se mit à lui souffler sur les lèvres, elle du se maîtriser pour ne pas lui faire une démonstration de ses talents de boxeuse, faute d'arme il ne lui restait que ses mains. Pour être moins touchée par le souffle qui provenait de sa bouche, elle se recula. Avery détestait qu'on réponde à ses questions pas une autre question. Et c'est exactement ce qu'Alan venait de faire. Elle ne dit rien. Elle ne voulait rien lui donnait, elle n'avait rien pour lui. C'était sa vie et personne n'avait à s'en mêler. Bien sur, elle aurait pu se lever d'un coup sec pour effrayer Alan qui était visiblement parti dans un autre univers et sortir, démarrer son hummer, et le laisser ici en plan. Mais étonnement elle n'en fit rien. Pourquoi ? Elle n'en avait aucune idée. En fait, tout ça commençait réellement à devenir amusant. Le voir s'intéresser comme ça pour quelque chose qu'il n'obtiendrait sûrement jamais. Avery se rapprocha à nouveau de lui. Puis elle attrapa son épaule avec l'une de ses mains et avec une force surprenante qui aurait pu lui broyer les os, puis elle le repoussa de façon à ce qu'il se retrouve de nouveau avec les fesses sur sa chaise. Elle avait très envie de lui répondre "J'ai rien à te donner", oh oui ça lui brûlait les lèvres à un point à peine imaginable. Elle fixa son regard dans celui d'Alan, un regard noir qui plus est. Puis il y eu une sorte de déclic, elle pencha la tête sur le côté, histoire de l'observer plus attentivement. Et finalement, dans un mouvement sec elle s'avança à nouveau et dit, en chuchotant à son oreille non pas pour la discrétion mais pour l'effet que cela allait produire :

- Tu veux savoir ? Ok. Trois cambrioleurs, moi, mon fiancé. L'un d'eux lui tire dessus. Je prend mon flingue et je le bute. Un autre me blesse et se tire. Content ?

Il était en fait même possible qu'il ne la croie pas, mais peu importait. Elle se recula pour se retrouver face à lui. Elle avait l'impression d'avoir comme... perdu, chose qu'elle détestait, et dont elle n'avait pas l'habitude. Elle le regarda, guettant sa réponse.