Maisy Izia Shinedown & Mitchie-Sienna Torres

Il était encore tôt le matin et le cours n'avait pas encore commencé. Je traînais dans le camp, alors que presque tout le monde dormait encore. Le ciel était encore sombre, le camp était silencieux. J'aimais toujours me réveiller plus tôt, histoire de voir le camp d'un autre angle. C'était tellement merveilleux. Mais il semblait fort que, cette matinée là, je n'étais pas la première à me lever. Un merveilleuse mélodie sortait de la salle de cours de piano. « Je dois savoir qui joue aussi bien! » Je me dirigeais donc avec grande hâte vers la salle d'où provenait cette musique. J'ouvris la porte doucement, ne voulant pas déranger, mais à peine ai-je mis un pied dans la salle que le piano cessa de jouer. C'était Maisy. Maisy était une fille plutôt bizarre et très instable. Ca faisait des semaines que j'essayais de lui en faire dire plus sur elle, sur qui elle était. Mais rien ... Non, personne ne savait rien sur Maisy Izia Shinedown. Seulement qu'elle n'était pas folle, et qu'elle jouait à merveille du piano. « Salut Maisy, comment tu vas? » Je m'approchais doucement, lui souriant. N'ayant pas de réponse, j'entrepris de démarrer un véritable monologue. « Tu joues vraiment bien May, j'espère que tu comptes participer au prochain concours! Car je suis sûre que tu peux facilement gagner! »

Je laissai courir mes doigts le long du clavier, m'imprégnant de la mélodie douce-amère que mes mains produisaient à toute allure. Une sensation de liberté m'envahit, sensation que je ne pouvais ressentir qu'en jouant du piano. La musique me transcendait littéralement vers un autre monde. Elle chassait de mon esprit tous les horribles cauchemars qui revenaient sans cesse hanter mes nuits et m'empêcher de dormir convenablement. La fatigue disparaissait, entraînant avec elle la folie, et toutes ces crises auxquelles j'étais sujette. Il ne resta bientôt plus que le bonheur. Je me sentais vivre... et personne ne pouvait me détacher de cette liberté...
Ou du moins je le pensais.
Un grincement de porte me parvint, contrastant étrangement avec ma mélodie. J'arrêtai soudainement de jouer. Je jetai un œil vers la porte, me demandant qui à cette heure pouvait dors et déjà être levé. Mon regard croisa celui de Mitchie Torres. Elle m'interpella, me saluant, et me demandant comment j'allais. Pour toute réponse, je baissai les yeux sur mon piano. Je n'aimais pas parler aux gens. Je ne me sentais pas bien lorsqu'il y avait du monde autour de moi... Je ressentais sans cesse un malaise. Je n'étais pas ce genre de personne que n'importe qui interpelle dans la rue en hélant son nom et qui parle de sa petite vie à tort et à travers. Mais ce n'était pas de la faute de Mitchie. Bien au contraire. Tout était de ma faute, comme toujours. J'étais bien trop renfermée, et je ne pouvais m'en prendre qu'à moi-même.
Je connaissais Mitchie depuis déjà un bout de temps. Enfin connaître est un bien grand mot. Je savais certaines choses sur elle, car les gens parlent, mais je savais que les choses n'étaient pas réciproques. Elle ne connaissait quasiment rien de moi, tout comme la plupart de ce camp. Et pourtant elle avait tenté. A maintes reprises elle avait tenté d'engager la conversation, d'apprendre à me connaître. Mais il faut avouer que je n'étais pas trop coopérative. Encore une fois tout était de ma faute. Malgré les sourires avenants et les paroles apaisantes de la gentille Mitchie je ne parvenais pas à me confier....ne serait-ce qu'un peu. J'avais sûrement bien trop peur d'accorder ma confiance à quelqu'un. Et ce tout simplement parce que la seule et unique fois où je l'ai fais... j'ai perdu ma raison, et mon innocence en prime.
Mitchie, sachant pertinemment qu'elle n'obtiendrait pas de réponse à sa salutation, s'approcha de moi le sourire aux lèvres et me complimenta sur mon talent, pour la énième fois, avant de me conseiller de participer au concours final. Un léger sourire s'afficha sur mon visage. Elle était vraiment adorable, mais je savais que je n'avais aucune chance, face à tous les enfants de stars du camp. Je levai les yeux vers elle et lui sourit gentiment.

"C'est gentil mais...je... je ne crois pas que ce soit une très bonne idée..."

Mon sourire se fana, et je rangeai mes partitions dans une pochette. Je n'aimais pas que l'on voit mes compositions. J'entrepris alors de fixer mes mains, étant incapable de soutenir son regard.