Il devait être 20h, peut-être un peu plus, ou alors moins. Avery n’en avait aucune idée. En tous cas il commençait à faire sombre au dessus de la Californie et du camp. Et l’idée de voir la nuit approcher réjouissait Avery. Elle allait encore passer une nuit à l’extérieur du camp, après avoir traîné dans un bar. Sa Harley était garée sur un parking à l’arrière, son Hummer sur le parking principal qui était à l’entrée. Elle prenait toujours sa Harley pour sortir le soir et faire le tour des bars du coin. Au lieu de contourner tout le camp pour atteindre le parking, elle avait décidé de le traverser. Elle devait passer par le parc, puis s’aventurer vers le lac. Un ami l’attendait un peu plus loin, et elle devait le rejoindre en moto. C’était ce genre de gars avec lesquels on sort le soir et qu’on ne voit plus en dehors. Un simple pote… Le matin même elle s’était levée tôt, comme toujours. Elle s’était vite habillée, puis avait fumé une cigarette et s’était rendue à son cours de guitare. Elle se demandait ce qu’elle faisait dans ce camp. Elle devait assister à des cours de guitare qui ne lui servaient à rien. Qu’avait-elle à apprendre au bout de 15 ans ? Quinze années de pratique et on voulait encore lui dire comment gratter ses cordes… Elle avait ensuite traîné chez elle, à l’extérieure du camp aussi. Elle avait tenté de composer quelque chose, deux chansons terminées, la troisième sans succès. Elle était allée en ville aussi. Les grandes allées commerciales et les magasins de fringues, non, pas pour elle. Ave s’était rendue dans un magasin de musique, et avait repéré une guitare électrique magnifique. Sûrement que le lendemain elle y retournerait pour l’acheter… Puis elle était allée chez ce petit disquaire où on trouvait de vieux vinyles des Beatles et des Stones. Elle avait flashé sur l’un des plus anciens de Tammy Wynette et n’avait pu s’en empêcher. Au final, elle avait quitté le petit magasin avec un sac plein de vinyles et 250 dollars partis de son compte en banque. C’était son péché mignon, sa faiblesse (la seule et unique ?). Elle avait déjà ces albums en CDs normaux, mais les vinyles, c’était son grand amour. Elle était allée boire un café ensuite, après avoir mangé. Et voilà qu’elle était retournée au camp se changer. Elle portait maintenant un minishort en jean et un débardeur au dos nageur moulant. Alors qu’elle approchait du lac, elle repéra un petit groupe de filles. Elles étaient trois, deux qu’elle ne connaissait pas. La troisième portait l’étiquette « chieuse » sur le front, si on suivait le classement d’Avy. Le genre de fille qui quand elle ne vous aime pas, au lieu de vous ignorer, elle vous pousse à bout. Et cette fille n’aimait pas Avery. C’est vrai que lorsqu’on la provoque, ça peut très mal finir. Se frotter à Avery n’est pas quelque chose à faire sans en connaître les risques. Ce n’est pas un jeu sans danger. Vous pourriez y laisser beaucoup plus que votre réputation… Avery avançait sans faire attention au groupe de filles. Mais la « chieuse » se planta alors face à elle, lui barrant la route. Ave soupira. Elle lança un regard noir à cette fille, dont le prénom était Sol, si Avy se souvenait bien. Elle ne savait pas vraiment ce qu’elle avait contre elle. Mais si Sol continuait à la provoquer ainsi, elle pourrait perdre beaucoup dans ce petit jeu dangereux dans lequel elle s’était lancée insciemment. Sol était à peine plus petite qu’Avery. La blonde était grande et mince il faut le dire. Mais ses activités « pré-camp rock » l’avait musclée et rendue très forte. Sans oublier les années de boxe et de tir… Et Sol était aussi plus jeune… « Tu te rends compte que t’es sur mon chemin là ? » lui lança-t-elle de sa voix grave et agressive. C’était l’une des premières fois qu’elle lui adressait vraiment la parole. Les fois précédentes elle s’était retenue de la frapper et l’avait simplement ignorée. Mais si Sol ne se poussait pas et continuait ainsi, ça finirait très mal, et Avy le savait…